Brandit l’arme de l’antipolitique (Éditions La Découverte, 1987, Paris)


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L'Antipolitique / Antipolitika - la Découverte, 1987

Né à Budapest, en 1933, où il continue de vivre, György Konràd est romancier et essayiste. Auteur d’un essai La Marche au pouvoir des intellectuels, Le cas des pays de l’Est, 1979, il récidive avec L’Antipolitique, en 1982, après le coup d’État en Pologne. En 1985, il a reçu, pour cet ouvrage, le Prix européen de l’essai replica uhren décerné par la fondation suisse Charles Veillon. À cette occasion, il a prononcé, à Zurich, une allocution « Le romancier antipoliticien », qui figure en postface à L’Antipolitique. C’est de ce texte dense et plein d’ironie contenue que nous avons isolé les extraits qui suivent.

« La langue qui se réclame de la foule pour s’adresser à la foule avec une prédilection pour la première personne du pluriel, ce n’est pas la langue des écrivains : eux, en vérité, ne désirent même pas gronder un chat et leur travail les absorbe trop pour breitling replica qu’ils aient envie de demander quoique ce soit aux gens. Il est normal qu’écrivains et politiciens appartiennent à deux ordres différents, que ce soient deux races d’hommes dissemblables, que leur langue, leur goût et leur logique ne coïncident absolument pas. Un romancier n’a pas besoin de s’engager pour l’intérêt d’un groupe ou d’une institution, un politicien ne peut pas exister autrement. […]

« Je vis dans une ville d’Europe centrale. Elle est belle et regorge de vigueur. À cause du statu quo politique, elle doit vivre comme une ville d’Europe orientale bien qu’elle se sente incommodée par cette situation. Pourquoi devrais-je respecter ce qui m’incommode ? Et pourquoi devrait-on admettre que le statu quo en Europe est exclu du nombre des questions régionales en suspens ? Le partage de l’Europe n’est nullement réglé […]. C’est de cette situation que découlent les conflits dans les autres parties du monde. […]
« Les événements du passé et les circonstances actuelles ont donné à un certain romancier de Budapest le sentiment que l’attitude politique n’est pas satisfaisante parce qu’elle manque en quelque manière à la vérité. Mais l’attitude apolitique ne le satisfait pas davantage, parce qu’elle y manque tout autant. Logiquement, il ne lui restait qu’une troisième possibilité, assez difficile à décrire. Il l’a baptisée du nom d’antipolitique, désignant par ce mot une autodéfense personnelle contre l’excès de puissance des mécanismes politiques. Il a écrit ce livre à un moment accablant, dans les premiers mois de l’année 1982, au début des difficultés polonaises : journal intime, autoguérison d’une insidieuse dépression vécue en Europe centrale. […]

« On peut considérer que la recherche d’une vision personnelle des choses est une activité poétique qui ne prend fin qu’avec la mort, qu’elle n’est rien de moins que la totalité de nos actes. Car nous soupçonnons que nous n’avons rien en dehors de ce petit laps de temps qui nous reste. Osons donc essayer. Quand nous serons sous terre, il sera trop tard. »